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Mot-clé - Postes enseignants

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samedi 3 décembre 2011

Réflexions d'un professeur soucieux de la réussite de ses élèves


Des enseignants de moins en moins nombreux à se présenter aux concours , un recrutement de plus en plus difficile , des classes sans professeur , un recrutement par le biais de Pôle Emploi, des jeunes professeurs malmenés à qui on impose un rythme d’enfer…..bref , des enseignants ayant à faire face à des situations de plus en plus difficiles . Des présidentielles qui approchent et des candidats qu’ils soient de gauche ou de droite promettent une redéfinition du temps de service des enseignants………

Je vous livre la réflexion d’un collègue au cours d’un conseil de classe de seconde . Elle traduit bien cette situation à laquelle ont à faire face bon nombre d’enseignants :

Bien sûr, je vais évoquer dans quelques instants le bilan comptable de cette classe de seconde. Mais avant tout, il est bon de parler de pénibilité du travail, un concept qui prend tout son sens, toute sa dimension dans cette classe. Car cette classe est bel et bien une classe pénible de laquelle on sort totalement épuisé physiquement et nerveusement.

Il faut effectivement faire, à chaque fois, la police pendant 50mn car les élèves discutent à voix haute, s’interpellent pendant l’heure et même s’insultent entre eux quand ils n’insultent pas l’enseignant. On doit sans cesse vérifier que le cours, les corrections d’exercice sont recopiés ! Ils ne vous laissent aucun répit. Tout commence d’ailleurs dès l’appel, où je suis obligé de demander jusqu’à trois fois le silence à chaque fois que je cite le nom d’un élève. Impensable !

C’est la première fois que je suis confronté à une telle situation. Certes, je vieillis mais à ce rythme là je demande à Monsieur le Proviseur de me réserver rapidement une place à la Verrière, haut lieu de la MGEN. Et pourtant ce n’est pas faute d’avoir essayé de discuter avec les élèves. En vain ! Les rappels à l’ordre, les punitions, et les heures de retenue ne suffisent pas. Il faut toujours remettre l’ouvrage sur le métier, toujours repartir de zéro face à un groupe, composé d’une bonne douzaine d’élèves vicieux, adeptes de la mauvaise foi et voulant forcément avoir le dessus sur l’enseignant.
Leur toupet, leur manque de politesse et de respect ne s’arrêtent pas là. Les retards pour des raisons futiles et les absences sont légions sans oublier que certains se permettent même de s’allonger sur les tables pour dormir.
Certes, une séquence a lieu le samedi matin de 8h à 9h. Ceci explique peut-être cela ! Je n’oublie pas le courage qu’ont les AED (assistants d’éducation) pour venir rappeler, à quasiment chaque séquence, à une bonne dizaine d’élèves qu’ils doivent aller régulariser leurs retards ou leurs absences. Mais ceux-ci sont aussi pris à partie : on leur demande des explications, de justifier les convocations….
Pour ces élèves difficiles ,tout est bon pour se faire remarquer ! Alors aujourd’hui, je suis forcément triste. Triste de devoir enseigner dans une telle situation, triste de devoir rentrer dans la classe à reculons, triste de ne pouvoir effectuer que quelques minutes de cours dans une séquence simplement pour empêcher les débordements de tous ordres. Mais surtout triste et révolté pour la moitié des élèves qui aimeraient apprendre, enrichir leurs connaissances et progresser mais qui doivent se taire, accepter et subir en silence la loi et le désordre que veulent imposer certains de leurs camarades. Mais sont-ils vraiment des camarades ? Eux qui n’ont ni la maturité suffisante ni la volonté de respecter au moins des adolescents de leur génération !

Si l’égalité des chances de l’école républicaine, à laquelle nous sommes tous attachés, doit permettre à tous les élèves de bénéficier des mêmes conditions d’apprentissage, ce principe est malheureusement bafoué dans cette classe. Les quelques élèves volontaires subissent continuellement les forfaitures récurrentes de leurs camarades. Peut-on accepter cela plus longtemps ? La classe n’est ni une crèche ni un jardin d’enfants ! Il me paraît plus qu’urgent, après trois mois de tentatives infructueuses, de sévir avec courage et détermination afin d’éviter de sacrifier ceux qui ont compris le sens de l’école et de son utilité. Evidemment, après ce tableau malheureusement noir, parler des résultats scolaires semble presque futile. La moyenne de la classe est de 9.2 avec des notes s’étalant de 3 à 15. 21 élèves soit 60% n’ont pas la moyenne et 13 ont même mois que 8 ! Le travail personnel doit être une expression bannie de leur vocabulaire. Seulement 6 élèves (soit 17%) ont plus de douze de moyenne et seulement trois plus de quatorze. Finalement, dans tous les domaines, ils battent des records ! P.K.'

J’évoquais plus haut les prochaines élections présidentielles . Ces candidats veulent pour la plupart réformer l’école . Sont-ils vraiment conscients de ce malaise profond ressenti par bon nombre d’enseignants , de plus en plus nombreux ? Un candidat , à ma connaissance, semble avoir pris la mesure de la situation . Ecoutons le brièvement :

jeudi 10 février 2011

Les enseignants manifestent


manif_fev.jpgCe jeudi 10 février , les enseignants ont manifesté un peu partout en France contre les suppressions de postes :822 postes seront supprimés à l’Education Nationale en Lorraine .En Meurthe et Moselle , ce sont 90 postes qui seront supprimés dans les écoles , 53 dans les collèges.
Au niveau national , 16000 suppressions de postes à la rentrée 2011. Ce sont 65.400 postes supprimés dans l'Éducation nationale en cinq ans. Et Luc Chatel vient d’annoncer que le gouvernement prévoit que les suppressions continueront, au même rythme, en 2012 et 2013. Sans doute Sophie Coignard n’a t-elle pas tort de dénoncer dans son livre « Le pacte immoral » , ceux qui massacrent l’école .
Dans une interview sur RTL la journaliste dénonce
- la lâcheté et le renoncement des politiques de droite comme de gauche
- l'impuissance du ministre de l'éducation : les profs ont plus d'autorité dans leur classe que le ministre dans son ministère.
- l'aveu de démission et d'hypocrisie
- le mensonge et le maquillage pour faire admettre les suppressions de postes
- l'égoïsme des castes : les élites sont d'autant plus indifférents au naufrage de l'école que leurs enfants en sont exemptés puisqu'ils fréquentent des établissements de centre ville "où on enseigne comme avant".

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samedi 29 janvier 2011

Bling ....bling ...Qui croire ?


bling.jpgLa pratique du double langage est de plus en plus fréquente dans les hautes sphères de nos dirigeants. Ainsi , par exemple , notre ministre de l’Education Nationale , Luc Chatel, présente dans le Monde du 29 janvier son « plan sciences ». Si je comprends bien le ministre , l’enseignement actuel donne aux élèves une vision erronée de ce que sont les sciences .

Notre ministre semble oublier que la réforme des lycées est entrée en vigueur en septembre 2010 . Quel est la place de l’enseignement scientifique dans cette réforme ? Réduction des horaires scientifiques en seconde à la rentrée 2010 , réduction encore plus importante en première à la rentrée 2011 (plus de première scientifique mais on regroupera dans un tronc commun littéraires , scientifiques….). Et il y a fort à parier qu’avec les nombreuses suppressions de postes prévues à la rentrée 2011, les horaires d’enseignement scientifique seront encore amputées à cette rentrée. Le ministre veut-il répondre à l’inquiétude manifestée par les hautes éminences scientifiques de notre pays et des associations scientifiques (Conférence des Grandes Ecoles, la Société Française de Physique, l'Union des Professeurs de Physique et de Chimie, l'Union des Professeurs Agnomonistes et l'Union des Professeurs de Spéciale )ces dernières appelant à signer une pétition en novembre 2010 ? ou s’agirait-il encore d’un effet d’annonce ? Double langage ?

Abordons la question du redoublement des élèves .Je précise qu’il n’est pas dans mon intention de m’étendre ici sur le bien fondé ou pas du redoublement. Nous savons qu’un redoublement de collégien ou de lycéen coûte de 8000 à 10000 euros à l’Etat. Ce n’est pas rien . Et alors que Xavier Darcos , un fidèle du Président de la République ,était encore ministre de l’Education Nationale , des pressions avaient été faites sur les chefs d’établissements pour qu’ils limitent le nombre de redoublements . Cette consigne a alors été démentie par le ministre , alors que dans les faits elle a bien été donnée . Mais qu’a dit Nicolas Sarkozy lors de ses vœux au monde de l’éducation : il faut réhabiliter le redoublement « S’il faut que tel ou tel enfant mette plus de temps pour arriver à un bon niveau, je préfère qu’il mette plus de temps »!

La formation des enseignants : quel massacre à cette rentrée 2010! Ces nouveaux enseignants sont jetés dans la cage aux lions sans formation (un DVD leur a quand même été offert !).Avec 18 h de cours (un cours, ça se prépare) pour la première année d’enseignement , c’est un rythme d’enfer qui leur est imposé . Toujours dans le cadre des vœux au monde de l’éducation , que dit le chef de l’état ? « Je pense qu’il faut que nous remettions sur le chantier des éléments de formation ».

Alors que croire et qui croire ?

samedi 22 janvier 2011

Braderie à l’Education Nationale


braderie.jpg822 postes seront supprimés à l’Education Nationale en Lorraine .En Meurthe et Moselle , ce sont 90 postes qui seront supprimés dans les écoles , 53 dans les collèges. Au niveau national , 16000 suppressions de postes à la rentrée 2011 . Ces suppressions viennent s’ajouter à celles des années précédentes : 8.700 suppressions de postes en 2007, 11.200 en 2008, 13.500 en 2009, 16.000 en 2010 soit 65.400 postes supprimés dans l'Éducation nationale en cinq ans !
Il s’agit bien d’une réduction de postes sans précédent .L’école publique n’est-elle pas sacrifiée ?

J’annonçais dans un article de juin 2010 une rentrée 2010 difficile . Pour faire « passer la pillule » nos dirigeants ont alors mis en place la réforme des lycées , avec des dispositifs de soutien ,d’aide aux élèves en difficulté , avec un accompagnement individualisé , du tutorat . L’opinion , les parents d’élèves sont sensibles à ce genre de mesures et c’est tout à fait normal . Les Fédérations de parents d’élèves ont voté la réforme au CSE (Conseil Supérieur de l’Education) . Ne s’en mordent -ils pas les doigts aujourd’hui ! Après quelques mois de mise en place de ces dispositifs de soutien , combien d’élèves en sont-ils satisfaits ? D’un coté on fait donc semblant de s’occuper des élèves en difficulté , mais par ailleurs ont réduit de façon drastique les personnels de l’Education Nationale. Ne s’agit-il pas d’une politique en trompe-l’œil ? L’aspect humain passe au second plan, seules les économies financières importent ! Souvenons nous de ce document (qui aurait du rester confidentiel) de mai 2010, qui a été adressé aux Recteurs pour les inciter à mettre en place des mesures de façon à faire des économies dans les 3 années à venir (2010-2013). Citons quelques-unes de ces mesures :

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samedi 19 juin 2010

Une rentrée scolaire 2010 qui sera certainement difficile !

ecoledanger.jpgL'année scolaire 2010-2011 verra la mise en place de la réforme des lycées en classe de seconde . Nos autorités , à coup de médias interposés, ont laissé croire à une amélioration du système, notamment dans le domaine du soutien scolaire : tuteurs , un meilleur suivi des élèves , stages de remise à niveau pour les élèves en difficulté pendant les vacances scolaires sans pour autant évaluer les élèves après ces stages .Voilà de quoi séduire les associations de parents d'élèves qui d'ailleurs n'ont pas manqué de tomber dans le piège en votant la réforme au conseil supérieur de l'éducation . Reconnaissons qu'un syndicat enseignant s'est associé à eux : le SGEN-CFDT (vote semble t-il non partagé par la base !). Le pavé est tombé depuis peu dans la mare avec la publication d'un document qui devait rester confidentiel , adressé aux recteurs pour la préparation de la rentrée 2010.

Ce document confirme bien ce que les personnels enseignants avaient pressenti de longue date : la réforme n'est qu'un prétexte pour faire des économies (plusieurs milliers de postes d'enseignants supprimés en quelques années) mais au ministère , on a enrobé tout ça à la sauce "assistance aux élèves en difficulté" de quoi séduire l'opinion. Un "petit" sondage par-dessus et du coup on fait croire à l'opinion qu'une majorité de Français est favorable à la réforme des lycées (notons que parmi les sondés , beaucoup ne savent pas de quoi il s'agit !).

Enfin voilà , il est question d'augmenter les effectifs des classes , de supprimer encore des postes d'enseignants. Quelques mots sur cette réforme avec laquelle l'enseignement scientifique est massacré (réduction importante des horaires) , on saupoudre avec un enseignement MPS , vous savez , ce genre d'enseignement qui ressemble à des TPE (travaux personnels encadrés) au cours duquel nos élèves vont "faire" de l'interdisciplinarité (Maths-physique-svt) . Peut-être, cher lecteur, avez-vous entendu parler de ces TPE que certains élèves achètent sur Internet à d'autres élèves qui ont déjà fait tel ou tel TPE l'année précédente ou avant . Ce genre de document a même un prix qui peut être fonction de la note qui a été attribuée....Le procédé est encore plus rapide que le copier-coller ! Alors à quoi s'attendre avec cette nouveauté baptisée MPS ?

Des économies, disais-je : voilà la cerise sur le gâteau ! la mastérisation ! Pour enseigner , il faudra dorénavant étudier pendant une année supplémentaire, ce qui n'est pas forcément négatif ....mais attention: les nouveaux enseignants vont être jetés dans l'arène avec un horaire de 18 heures hebdomadaires sans formation pratique préalable. Ils auront un tuteur (pas très bien payé) pour les guider avec un détail...y aura t-il suffisamment d'enseignants expérimentés qui accepteront pour une bouchée de pain de voler au secours de ces nouveaux enseignants? Je n'insiste pas trop sur les zones difficiles (il y en a !) : comment faire pour gérer une classe difficile sans avoir été formé aux réalités du terrain ?
Un peu de bon sens permet de facilement comprendre qu'un cours , ça se prépare avant de l'enseigner .Les néo-enseignants devront-ils réduire leurs heures de sommeil pour pallier cette lourde charge pour un néophyte de devoir enseigner pendant 18 heures hebdomadaires?

Enfin, qu'en est-il de la prétendue égalité des chances que les différents gouvernements qui se sont succédés ont toujours affirmé vouloir défendre ?C'est l'effet inverse qui se produit depuis des années ! Comment se fait-il que les cours privés fleurissent depuis quelques années ? Certains penseront que l'école publique est à réformer de fond en comble. Réforme , réforme ....chaque ministre veut faire sa réforme : Claude Allègre , Gilles de Robien, Xavier Darcos (tiens, qu'est devenu ce fidèle poulain de Nicolas Sarkozy ?) , Luc Chatel ! Mais quelle réforme ? c'est trop souvent "n'importe quoi". La situation est grave , car à présent, cette école , qui a fait l'honneur de notre pays , est massacrée ! J'attends avec impatience que les partis politiques , Mouvement Démocrate , Parti socialiste.......s'associent à ce cri d'alarme.

On pourra lire l'article du journal "La Croix" sur la "future" formation des enseignants !

dimanche 29 novembre 2009

Le mensonge permanent

Les enseignants étaient en grève le mardi 24 novembre (20 % de grévistes selon le ministère , 40 à 50 % selon les organisations syndicales). Elèves et enseignants dénonçaient les 16000 suppressions de poste prévues à l'Education Nationale à la rentrée prochaine. Luc Chatel , le ministre sur RTL mardi matin a affirmé qu'il n'était pas question de revenir sur les suppressions de postes. "Cette politique nous permet de mettre en place la revalorisation financière des enseignants, qui est très attendue", a souligné le ministre de l'Education nationale. Il a même laissé entendre que le gouvernement ne s'arrêterait pas là et qu'il y aura encore des suppressions de postes en 2011. "Le président de la République n'a m'a pas demandé et n'a pas annoncé qu'il allait revenir sur sa politique du non-renouvellement d'un fonctionnaire sur deux."

Comme je l'indiquais dans un précédent article, ces suppressions de postes se feront à effectifs élèves constants et il faudra donc s'attendre à une augmentation des effectifs par classe. Prétexter que ces suppressions de postes allaient de pair avec une revalorisation des enseignants semble relever du mensonge . Sont exclus de cette revalorisation tous les collègues recrutés avant 2005 , c'est à dire l'écrasante majorité des professeurs. En dehors d'une augmentation de salaire résultant de la suppression des deux premiers échelons pour tous les nouveaux recrutés, justifiée par une année d'études supplémentaires, le reste des propositions de revalorisation ne consiste qu'en un relèvement insignifiant de la grille indiciaire : de 35 euros nets mensuels à 15 euros entre les échelons quatre à six (11 échelons en tout) , dont sont exclus les professeurs agrégés.

Que ce soit pour la réforme des lycées ou la revalorisation des enseignants , les spécialistes du ministère sont effectivement experts de l'utilisation des médias........que d'effets d'annonce