Les Etats généraux de la sécurité à l'école
Par Daniel54 le dimanche 11 avril 2010, 13:44 - Education Nationale - Lien permanent
Les mercredi 7 et jeudi 8 avril se sont déroulés à la Sorbonne à Paris, à l'initiative du ministre de l'Education Nationale , Luc Chatel , les Etats généraux de la sécurité à l'école .
Au cours de ces états généraux se sont succédés des séances plénières, des tables rondes et des ateliers thématiques .
Luc Chatel a clôturé ces Etats généraux en présentant les cinq mesures qui vont être mises en place:
1-Des instruments pour mesurer efficacement la violence mais aussi le climat dans les établissements scolaires . Il s'agit
notamment d'améliorer le système utilisé actuellement (Sivis)
2-La deuxième orientation, c'est de renforcer la formation des professeurs car ils sont trop souvent démunis face aux violences et aux conflits qu'ils ont à gérer. Il faut former les professeurs à la gestion du stress et à la gestion de situations de crise.
3-La troisième orientation consiste à renforcer le plan de sécurisation des établissements scolaires engagé à la rentrée 2009 . Cela devrait notamment se traduire par :
-un équipement des établissements scolaires de caméras de vidéosurveillance,
-l'installation de clôtures autour des collèges et lycées,
-intervention d'équipes mobiles de sécurité :Ces équipes mobiles seraient pluridisciplinaires (20 à 50 personnes par académie ) dirigées par un « conseiller sécurité » placé auprès du recteur. Les équipes de sécurité se verraient confier trois types de missions : informer et prévenir en amont pour réduire les tensions, intervenir immédiatement en cas d'incident grave, protéger les personnes et les biens par une présence continue.
Un nouveau dispositif ( qui pourrait s'appeler "Collèges et lycées pour l'ambition l'innovation et la réussite" ou CLAIR) pourra être expérimenté à la rentrée 2010 dans une centaine d'établissements situés dans les académies les plus exposées à la violence, avant d'être généralisé en 2011.
4-La quatrième orientation est de responsabiliser les acteurs et de redonner du sens aux sanctions pour mieux faire respecter les règles du vivre ensemble . Le discours du ministre à ce sujet est plein de bonnes intentions:<< réapprendre aux élèves les usages qui forment le savoir-vivre : se lever en présence d'un adulte ; ne pas couper la parole et la demander en levant le doigt ; se ranger et faire silence avant d'entrer en cours ; adopter le registre de langue adapté à la situation ; vouvoyer le professeur et l'élève ; rendre à l'exclusion de la classe ou de l'établissement son caractère exceptionnel ; renforcer la place des travaux d'intérêt général dans l'échelle des sanctions >>
5-La cinquième orientation consiste à engager des actions ciblées dans les établissements les plus exposés à la violence.
Ces états généraux ont rassemblé l’ensemble de la communauté éducative élargie à ses principaux partenaires : ministres, élus, cadres de l’Éducation nationale, inspecteurs, chefs d’établissement, professeurs, acteurs associatifs ou représentants des personnels, des parents et des élèves.
Ils ont été préparés avec l’éclairage d’un conseil scientifique présidé par Éric Debarbieux. Ce conseil est composé de chercheurs et d’experts français et internationaux. 600 personnes ont participé aux séances plénières, aux tables rondes et aux ateliers.
On peut s'étonner avec le Snalc , syndicat enseignant , de la composition de ce conseil scientifique :<<d'un côté une Aristocratie administrative composée de hauts fonctionnaires totalement coupés d'une réalité de terrain qu'ils n'ont de toute façon jamais connue, et de l'autre un haut-clergé pédagogiste, composé des pires sociologues et autres experts ès sciences de l'éducation et dont la principale ambition est le maintien du statu quo>>. En somme une sous-représentation du Tiers Etat avec ses professeurs et ses élèves .
Sans doute n'y aura t-il pas lieu d'être surpris que ces Etats généraux auront l'effet d'un coup d'épée dans l'eau. Ils permettent néanmoins encore une fois au gouvernement de jouer sur les effets de communication en mettant en avant la politique sécuritaire qui lui est si chère . Nous en connaissons déjà les effets.
Ainsi , on prétend vouloir donner aux professeurs une formation (comment , combien d'heures ?) pour leur apprendre à gérer les situations de stress , les classes difficiles alors que dorénavant les jeunes professeurs seront "jetés" dans les classes sans formation préalable , alors qu'il n'est pas question de revenir sur les 15000 postes d'enseignants qui sont supprimés chaque année et depuis plusieurs années. A titre de comparaison au niveau du coût , Luc Ferry nous dit sur France Inter que supprimer 15000 postes coûte 400 milliards d'euros alors que par ailleurs la suppression de la publicité à la télévision correspond à une perte de recettes de 1 milliard d'euros , la défiscalisation des heures supplémentaires coûte 3,5 milliards d'euros !
Luc Ferry nous dit également dans les vidéos qui suivent qu'on s'attaque aux effets au lieu de s'attaquer aux causes ,la cause principale étant pour beaucoup d'élèves l'ennui.
Quelles solutions à la violence scolaire ?
envoyé par franceinter. - Regardez les dernières vidéos d'actu.
Oui , il faut revaloriser l'enseignement professionnel et avec le Snalc je suis convaincu qu'il faut en finir avec le collège unique .
Mais revenons sur les mesures qui vont être mises en place suite à ces Etats généraux : la question des sanctions :<<redonner un sens aux sanctions>>.C'est un sujet difficile pour les professeurs : comment adapter la sanction à la gravité de la faute ?
Certains lecteurs auront peut-être quelques difficultés à me croire : que faire avec des élèves qui sont insensibles à toute forme de sanction ? La retenue en est un exemple .Certes ce n'est pas forcément la meilleure mesure à prendre dans un premier temps , mais après avoir essayé le dialogue , puis la fermeté .... lorsque rien ne "marche" que faut-il faire ?
Autre cas :que faut-il faire lorsque vous avez en classe un élève qui passe son temps à dormir et qui manifestement <<se fiche et contre-fiche >>de tout ce que l'on peut lui dire ?.
Est-ce le rôle d'un élève d'indiquer à son professeur comment il doit enseigner ?Que faire avec des élèves qui estiment avoir tous les droits ,mais qui ignorent leurs devoirs , des élèves qui n'acceptent aucune remarque ou réprimande d'où qu'elle vienne ?
Oui, la gestion d'une classe , ce n'est pas seulement faire barrage aux élèves qui voudraient "jouer du couteau" , ce qui est quand même relativement rare fort heureusement . Gérer une classe , c'est faire face à de petites violences du quotidien , cela peut être notamment , simplement , dans certaines classes , demander "x" fois le silence de façon à pouvoir transmettre un savoir dans les meilleures conditions.
L'Hérétique attire notre attention sur son blog sur un point qui aurait pu nous échapper à propos des sanctions : s'il faut maintenir les délinquants dans les collèges , il n'y aura pas lieu d'être surpris que les parents qui le peuvent et qui souhaitent le mieux pour leurs enfants n'hésiteront pas à les mettre dans l'enseignement privé . Y a t-il lieu d'être surpris aujourd'hui de l' essor de l'enseignement privé et du recours à toutes sortes de cours particuliers ?
Certains et certainement y en a t-il parmi nos gouvernants , nos dirigeants, voudraient faire des enseignants des "nounous" (les "nounous" sont certes en général très sympathiques ) à Bac + 5 (la crise de vocation d'enseignants du second degré est de l'ordre de - 15 % par an actuellement) : est-cela qu'on attend de l'école pour demain ? Les réformes en cours nous mettent sur ce chemin .
D'autres ont la prétention de dire aux enseignants comment ils ont à enseigner : ce n'est certes pas un problème d'élèves difficiles , mais cette ambiance ne contribue t-elle pas à l'affaiblissement de l'autorité des enseignants ? Lorsque le patient est chez le médecin , est-ce lui qui dicte l'ordonnance au médecin ?
Sans doute , même si au cours de ces Etats généraux, les échanges ont été intéressants , le résultat ne sera finalement qu'un coup de plus pour rien ! Pseudo-bonnes intentions et démagogie !
Commentaires
bonne analyse, daniel. bravo pour cette vigilance.
Ce n'est pas une seulement une question de vigilance Laurent . J'aurai l'occasion d'en écrire un peu plus longuement plus tard !
Je suis pour ce qui me concerne très inquiet pour le devenir de l'Education Nationale .
D'un coté , on nous balance de l'aise individualisé , du soutien scolaire , du rattrapage pendant les vacances scolaires pour les élèves en difficulté, un sondage tout récemment comme quoi les français sont favorables à la réduction des vacances d'été, une réflexion sur le temps scolaire avec la perspective de faire ce qui a été fait en Allemagne (sport l'après-midi - Gesammschule) et qui est actuellement abandonné . Tout cela n'est que de la poudre aux yeux pour appâter l'opinion publique.........la preuve ...... les récentes révalations (http://www.europe1.fr/France/Commen...) sur les intentions de ceux qui nous gouvernent..
L'enseignement scientifique est massacré , les conditions d'enseignement vont devenir insupportables pour tout le monde(enseignants et élèves). J'aurais pour ma part souhaité des prises de positions claires de F Bayrou , du parti socialiste ...rien , rien !!!